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Les pollinisateurs : discrets et essentiels alliés

Dernière mise à jour : 13 avr. 2023

On a beaucoup entendu parler de ces insectes ces derniers temps avec l’actualité des néonicotinoïdes, pesticides très contestés qui soulèvent de nombreuses interrogations, Les pollinisateurs sont aujourd’hui responsables de 75% de la production agricole à l’échelle de notre globe. Voir la population des pollinisateurs décliner est donc particulièrement inquiétant. Mais en quoi ce déclin est-il alarmant et surtout comment pourrions-nous, à notre échelle, agir pour inverser la tendance ?


 

On retrouve chez les pollinisateurs une pléthore d’espèces différentes, dont l’abeille mellifère, Apis mellifera, domestiquée par l'Homme, mais également d'autres espèces moins connues telles que les oiseaux, chiroptères ou encore certains reptiles. La plupart des angiospermes (ou plantes à fleurs) sont aujourd’hui dépendantes de ces animaux. Au contact de la fleur, les pollinisateurs accrochent le pollen sur leur corps et le disséminent sur d’autres fleurs. Ce pollen est produit par l’anthère, partie de l’étamine correspondant à l’organe mâle de la fleur, et est transporté via le vent, l’eau ou les animaux pour aller vers le stigmate, organe femelle de l’angiosperme, d’une autre fleur.


Redouté par les personnes allergiques pendant la période du printemps, le pollen est avant tout une substance poche qui contient les gamètes mâles de la plante. Chez une grande partie des plantes, cette poche est détectée et tout un système est ainsi mis en place pour n’accepter que le pollen issu d’une autre angiosperme de la même espèce. Ces gamètes mâles vont par la suite à l’intérieur de la fleur, en passant par un tube pollinique, afin de donner plus tard le fruit avec la ou les graines. La pollinisation se faisant par l’eau ou le vent est dite abiotique alors que celle utilisant les animaux est dite biotique. C’est cette dernière qui est utilisée majoritairement par les plantes à fleurs et 70 % à 85 % des stratégies de pollinisation reposent aujourd’hui sur l’action des insectes.



Un acteur indispensable de notre environnement


Les insectes pollinisateurs sont essentiels à notre monde, ils sont au cœur du processus de pollinisation. S’il n’y a pas de pollinisateurs, il n’y a pas de reproduction chez une très grande partie des plantes. Or, cette reproduction est essentielle à la production de fruits ou encore de graines. Les pollinisateurs sont bénéfiques et offrent de nombreux services à l’environnement qui nous entoure : c’est la notion de services écosystémiques.


Le concept de pollinisation a une place prépondérante en agronomie aujourd’hui. Mais que ce soit il y a une dizaine d’années aux Etats-Unis ou un peu moins en France, on remarque une chute des populations d'insectes, d’abeilles notamment. Ce phénomène s’accompagne d’une baisse des rendements de cultures situées dans des zones où les populations d’abeilles ont drastiquement diminué.

En France, cette chute est liée à différents facteurs tels que l’émergence de virus ou encore l’utilisation de pesticides nommés néonicotinoïdes qui ont décimé les populations d’abeilles notamment dans le sud-ouest du pays. Pour pallier les chutes de production mais aussi préserver les abeilles, de plus en plus d’initiatives sont mises en place. A titre d’exemple, la plateforme « Beewapi » propose de mettre en relation apiculteurs et producteurs afin d’organiser des prêts de ruches permettant la pollinisation de certaines cultures. La valeur économique des pollinisateurs pour leurs actions de pollinisation est estimée à 153 millions d’euros, elle rend ainsi compte de leur rôle essentiel et de leurs services écosystémiques.


Les néonicotinoïdes ?


Les fameux néonicotinoïdes ont fait couler de l’encre ; leur utilisation a suscité de vives polémiques dans les médias. Ce sont « des substances insecticides qui peuvent être notamment utilisées dans des produits en agriculture » selon l’ANSES, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail. Elles agissent sur toute la plante afin qu’elle ne soit pas parasitée notamment. Malheureusement, ces substances particulièrement efficaces sur les parasites, s’attaquent également aux insectes, interagissant avec les cultures traitées. Selon une étude sur des champs de colza, diffusée dans un communiqué du CNRS « jusqu’à 12 % des parcelles présentaient une contamination pouvant entrainer la mort de 50 % des abeilles et bourdons les visitant ». Bien que le taux de mortalité aient été estimés à partir d’une étude sur une faible surface de parcelles, les effets dévastateurs des néonicotinoïdes sur la biodiversité des cultures traitées sont régulièrement pointés du doigt.

Les néonicotinoïdes sont officiellement interdits en Europe mais il y a une exception à la règle : les cultures de betteraves ont pu, grâce à un arrêté pris en 2021, poursuivre l'utilisation, sur une période limitée, de ce pesticide dans un contexte d’infestation des cultures par des pucerons.



Remplacer les abeilles ?


Serions-nous capables de remplacer les pollinisateurs ? Pourrions-nous tout de même continuer à produire des fruits par exemple, avec de bons rendements ? Et poursuivre l'utilisation de certains pesticides, en nous affranchissant de notre dépendance aux abeilles, bourdons et autres petites ailes qui sont aujourd’hui acteurs de la pollinisation ? Aujourd’hui, des drones ou encore des portiques automatisés sont capables d’ « arroser » les cultures de pollen pour les polliniser. Mais ceux-ci « miment » surtout l’action du vent et ne concernent que les espèces de plantes ayant recours à la pollinisation abiotique. Il existe cependant des projets « imitant » l’abeille, avec pour objectif, par exemple, de former des essaims autonomes, capable de polliniser des plantes dépendantes de la pollinisation biotique. C’est notamment le cas du concept développé par Harvard et nommé Robobee. De la taille d’une pièce d'un centime, ils sont aujourd’hui capables de se déplacer de manière autonome. Le plus gros problème reste la manière dont le nanorobot sera approvisionné en énergie. Pas simple de mettre une batterie dans un si petit appareil !


Mais ces innovations posent également certains problèmes éthiques : en effet, se reposer sur ces nouvelles technologies nous inciterait à continuer notre mode de production, actuellement loin d’être durable... Et réduirait le rôle des pollinisateurs à l'agriculture.


Des gestes pour soutenir les pollinisateurs

L’une des premières idées qui nous vient pour aider les pollinisateurs, que l’on soit en ville ou à la campagne, est de mettre des ruches sur nos toits ou nos jardins afin d’accueillir certains insectes or il s’agit souvent d’une fausse bonne idée ! En effet ce « trop-plein » de ruche comme on peut le voir dans la ville de Paris a paradoxalement un effet contre-productif. On constate ainsi dans la capitale une trop grande densité de ruche au km2 qui favorise les abeilles domestiques au détriment des abeilles sauvages, des bourdons…




En fort développement, les abeilles domestiques s'accaparent toutes les ressources alimentaires présentes, ne laissant plus rien aux espèces sauvages. Ainsi, la mise en place de ces équipements ne fait pas augmenter les populations de pollinisateurs, mais uniquement les populations d’abeilles domestiques, réduisant la richesse de la biodiversité d’un milieu. Mais alors comment aider tous les pollinisateurs ? Voici quelques conseils :

  • Ne pas utiliser de pesticides sur son balcon ou jardin, il existe des alternatives bien moins toxiques ! On peut même commander certains insectes qui se nourrissent des parasites de certaines plantes.

  • Si vous avez un jardin, vous pouvez laisser une zone en libre-évolution pour attirer les insectes dont les pollinisateurs. Loin des traditions « carrées » et linéaires des espaces verts à la Française, le ré-ensauvagement des jardins représente un véritable sanctuaire pour la flore et la faune. Les jardins évoluant selon ce mode peuvent d’ailleurs bénéficier d’un certificat très officiel « d’habitat sauvage naturel » car ils contribuent à maintenir et à préserver la biodiversité sauvage.

  • Planter arbres, arbustes et fleurs nectarifères dans son jardin qui sont susceptibles d’attirer les pollinisateurs. N’hésitez pas à diversifier les espèces pour étaler les floraisons dans le temps, cela permettra d’en profiter à un plus grand nombre. Vous trouverez ici une liste conseillée par le ministère de l’Agriculture.

  • Fabriquer un petit point d’eau avec des pierres au fond par exemple pour éviter la noyade des plus petites espèces.

  • Encourager les producteurs biologiques près de chez vous quand vous en avez la possibilité, en consommant leur production.



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