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Les chauves-souris, redoutables prédateurs contre les ravageurs

La chauve-souris est un petit mammifère de l’ordre des Chiroptères qui a la particularité, contrairement aux autres mammifères, de pouvoir pratiquer le vol actif. Les chauves-souris utilisent l’écholocation pour se déplacer et repérer leur proie dans le noir, ce qui les affranchis de la compétition avec les prédateurs insectivores diurnes. Les chauves-souris jouent un rôle écologique important dans l’écosystème. Parmi les insectes dont elles se nourrissent, certains sont considérés comme ravageurs pour l’agriculture, la foresterie, ou encore la société comme par exemple les moustiques. Ainsi la présence de chauves-souris est une solution efficace et naturelle pour réduire le nombre d’insectes indésirables dans notre environnement immédiat, sans utiliser d’insecticides ou de pesticides !

 

 


Cycle de développement et mode de vie


Cycle de développement – La vie des chauves-souris est divisée en deux phases : une phase active en été et une phase d’hibernation en hiver. La phase active débute mi-mars, lorsque les températures augmentent, les femelles vont quitter leur gîte d’hiver afin de rejoindre leur gîte d’été et mettre bas. Cette période est destinée à l’élevage des jeunes et à la chasse de proies afin de constituer des réserves pour l’hiver prochain. Les accouplements débutent fin août, puis la communauté va rejoindre son gîte d’hiver et entrer en phase d’hibernation, de décembre à mi-mars.

 


 

Gîtes Le choix de l’abri est particulièrement important pour les chauves-souris car elles ne construisent pas de nid et ne sont pas capables de creuser ; elles dépendent donc entièrement des abris déjà existants. A partir de mi-mars, après l’hibernation, les chauves-souris se réveillent et quittent les endroits où elles ont passé l’hiver pour rejoindre leurs gîtes d’été. En mai, les femelles se regroupent dans des gîtes de « maternité » où elles vont donner naissance aux petits. Les mâles ne sont généralement pas les bienvenus dans ces gîtes.


Plusieurs critères doivent être pris en compte lors du choix du gîte d’été : la température (température assez chaude pour la survie des bébés), l’humidité (forte humidité pour éviter le desséchement), l’hygiène, le risque de prédation, et également l’absence de concurrence pour les ressources alimentaires, par exemple avec certains oiseaux. En hiver, l’absence de ressources alimentaires oblige les chauves-souris à hiverner ; elles doivent donc trouver un gîte d’hibernation adéquate. Trois facteurs conditionnent principalement le choix de ce gîte d’hiver : une température fraîche voire froide (mais non soumise au gel) et la plus constante possible, un taux humidité élevé (proche de la saturation pour éviter le dessèchement), et le calme du site pour éviter un réveil prématuré et l’utilisation inutile d’énergie. L’idéal est donc de pouvoir offrir aux chauves-souris qui vivent dans nos bois, un choix le plus étendu possible de cavités de toutes sortes.

  

 

Alimentation – Ces organismes nocturnes ont un régime insectivore et/ou frugivore (fruit, nectar, pollen), bien que les espèces européennes soient essentiellement insectivores. La qualité et surtout la quantité des proies sont des facteurs décisifs. En effet, une chauve-souris peut être capable de consommer la moitié de son poids en insectes en une nuit ; il est donc préférable pour elle de se diriger vers les endroits les plus proches pour limiter sa dépense énergétique et les plus fournies en terme de proies. Selon les espèces et la période de l’année, les proies des chauves-souris sont très souvent constituées de diptères mais aussi de papillons et d’autres espèces d’insectes.

 

 

Il existe 1000 à 1200 espèces de chauve-souris décrites à l’heure actuelle dans le monde. En France, nous dénombrons 35 espèces de chauves-souris, qui sont toutes insectivores. Chaque espèce de chauve-souris dispose de sa propre niche écologique, c’est-à-dire que chaque espèce vit dans un milieu spécifique, défini par ses relations avec les autres espèces, le type de proies chassées, et sa manière de se reproduire à une période propice. Cela permet alors à plusieurs espèces de vivre au même moment, au même endroit sans se concurrencer l’une l’autre pour autant.

 


Etudier la prédation des chauves-souris


Plusieurs méthodes pour étudier la prédation des chauve-souris existent actuellement :

  • Prédation par observation visuelle pendant la chasse : les observations visuelles de la prédation des chauves-souris pendant les périodes de chasse en vol sont courantes, mais nécessite des connaissances accrues des chauves-souris, puisqu’il faut identifier des zones de chasse, les espèces présentes, et les insectes qui sont présents et prédatés par les chiroptères.

  • Prédation par observation via des restes d’insectes dans les grottes de chauve-souris : ces observations permettent de savoir quels insectes les chiroptères sont capables de prédater. L’identification de l’espèces de chauves-souris prédateur est possible seulement si c’est la seule présente dans la grotte.

  • Analyses des guanos via des méthodes morphologiques : cette méthode classique d’analyse du régime alimentaire des chiroptères repose sur l’identification morphologique des restes de fragments durs des proies (élytres, tarses, antennes …) retrouvés dans les déjections. Cependant, cette méthode est délicate car le transit intestinal des chauves-souris est très rapide et l’assimilation des proies incomplète.

  • Analyses des guanos via des méthodes de biologie moléculaire : depuis le début des années 2000, les progrès de la biologie moléculaire permettent le développement de méthodes ciblant l’ADN des proies. Cette méthode est basée sur la reconnaissance spécifique de l’ADN des ravageurs dans les fèces.

  • Analyses acoustiques des ultrasons des chauves-souris : grâce aux ultrasons émis par les chauves-souris, il est possible de les détecter et d’enregistrer les ultrasons à l’aide d’enregistreurs acoustiques. Avec l’analyse acoustique de ces enregistrements d’ultrasons, il est possible d’identifier l’espèce ou le groupe d’espèces de chauves-souris dont les émissions ont été enregistrées sur le terrain. Cette méthode permet également de préciser le type d’activité qu’elles pratiquent : déplacement, chasse ou capture d’insectes.

 


Exemples d’études de lutte biologique à l’aide de chauves-souris


Les chauves-souris consomment des insectes divers et variés, de la chenille au gros coléoptère, en passant par les criquets, les mouches, les moustiques, les araignées, ou les papillons. Plusieurs études ont mis en avant la possibilité d’un biocontrôle de différents insectes ravageurs à l’aide de chauve-souris, en étudiant leur efficacité comme prédateur dans le cadre de projets de lutte biologique. En effet, certaines chauves-souris consomment également des ravageurs de cultures, comme les pyrales du riz et du maïs, la cicadelle à dos blanc ravageur du riz, les tordeuses eudémis et cochylis ravageurs de la vigne, le carpocapse de la pomme, la tordeuse orientale de la vigne, ou encore la mouche de l’olive. D’autres études mettent en évidence le rôle efficace des chauves-souris comme prédateurs des ravageurs forestiers comme la processionnaire du pin ou la pyrale du buis. Les chauves-souris peuvent également être prédatrices de certains nuisibles pour la société, comme c’est le cas des moustiques. Par nuit, une chauves-souris peut se nourrir de plus de 3000 moustiques.

 


Optimisation de l’efficacité des chauves-souris


La lumièreToutes les chauves-souris sont très sensibles à la lumière, bien que certaines y soient tolérantes. Ainsi, cette dernière pourrait être un facteur limitant la prédation sur les papillons qui sont eux, fortement attirés par la lumière. Plus précisément, la couleur de la lumière ainsi que sa distribution spatiale sont des facteurs influençant la sensibilité du prédateur.

Plusieurs solutions peuvent être proposées pour limiter l’impact sur les chauves-souris :

  • Couleur de la lumière : L’utilisation de lumière LED rouge-orangée dite « lumière faune », qui semble être la longueur d’ondes la moins mauvaise pour les chauves-souris mais aussi pour l’être humain, attenu l’impact sur les chauves-souris. Cela a déjà été implémenté dans certaines villes au sud de l’Angleterre ou encore à Lille dans le Parc de la Citadelle (Figure 4).

 


 

  • Distribution de la lumière : Un éclairage limité dans l’espace pourrait en effet atténuer ce facteur limitant. Si une zone, un passage doivent absolument être éclairés, il est nécessaire d’orienter la lumière vers le bas et non vers le ciel pour limiter les désagréments sur les chauves-souris. Dans tous les cas, il ne faut éclairer que lorsque c’est réellement nécessaire.

 

 

Différents types de distribution de la lumière : de très mauvaise, mauvaise, moyenne, ou un peu mieux pour les chauves-souris. © Didion et al. (2019)


Appropriation des nouveaux gîtesPour aider les chauves-souris, la première chose à laquelle on pense généralement est le placement de « nichoirs » ou « gîtes artificiels ». En effet, pour favoriser la présence des chauves-souris sur un site et ainsi augmenter la possibilité de prédation des insectes ravageurs à cet endroit, l’installation de nichoirs à chauves-souris peut être envisagée.

 


 

Plusieurs communes ont ainsi décidé d’installer des abris à chauves-souris pour attirer les chiroptères présents dans leur commune, et ainsi ré-augmenter leur population (Grenoble, Espalion, la Dordogne et le Lot et Garonne, la Gironde, l’Hérault…).


 

 

Cependant, les chauves-souris n’investissent pas facilement de nouveaux gîtes. Un nouveau gîte artificiel peut donc être rapidement utilisé, comme il peut fort bien ne jamais l’être. De plus, les chauves-souris établissent des gîtes dans des endroits humides et à l’abri de toutes pollutions lumineuse ou sonore. D’une année sur l’autre elles aiment revenir aux mêmes endroits s’ils sont toujours disponibles. Une période de 2-3 ans est nécessaire pour qu’un nouvel abri puisse être habité.

 

Les chauves-souris sont particulièrement importantes puisqu’elles sont le principal prédateur des insectes nocturnes, qui peuvent être des insectes ravageurs des cultures, des forêts, ou des nuisibles pour la société. Puisque les espèces de France sont principalement insectivores, elles limitent la propagation de ces populations d’insectes. Elles ont ainsi un rôle écologique important, en agissant ainsi comme des « insecticides naturels ». De plus, leurs fèces (guano) peuvent être utilisées comme engrais naturel ! Il est donc primordial de préserver et d’améliorer les conditions de vie de ces chauves-souris, dont 19 espèces sur les 35 présentes en France ont été identifiées comme prioritaires pour la sauvegarde.

 


 


Pour aller plus loin...

  • Arthur, L., and Lemaire, M. (2009). Les Chauves-souris de France Belgique Luxembourg et Suisse. Biotope.

  • Capelli, M., Colombel, E., Morel, E. & Tabone, E., (2022). Des chauves-souris contre la pyrale du buis. Insectes, (206)

  • Charbonnier, Y., Papura, D., Touzot, O., Rhouy, N., and Rusch, A. (2020). Les chauves-souris, des auxiliaires possibles de la vigne : Wine not? Symbioses

  • Didion, F., Rotsaert, G., and Van der Wijden, B. (2019). Les chauves-souris, connaître et protéger

  • Gebhard, J., Venturelli, A., Schnitzler, H.U., Aellen, V., and Zingg, P. (1985). Nos chauves-souris. Ligue suisse pour la protection de la nature.

  • Jay, M., Boreau De Roince, C., Ricard, J.M., Garcin, A., Mandrin, J.F., Lavigne, C., Bouvier, J.C., Tupinier, Y., and Puechmaille, S. (2012). Biodiversité fonctionnelle en verger de pommier : les chauves-souris consomment-elles des ravageurs ?

  • Tournayre, O. (2018). Qui mange quoi ? Zoom sur l’ADN des chauves-souris et de leurs proies contenues dans le guano.

 

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