Sobriété, minimalisme, frugalité, slow-life... Toutes ces notions ont en point commun la révision de nos modes de vie et de consommation. Et tous permettent de réduire, d'une façon ou d'une autre, notre impact sur l'environnement. Dans cet article, nous faisons un focus sur la sobriété, notion très en vogue depuis quelques années. Mais savez-vous vraiment ce qu'elle est, les solutions qu'elle propose et comment l'appliquer dans votre quotidien ? Car si souvent la sobriété est considérée comme une contrainte ou une privation, elle est en fait un formidable moyen de se libérer d'injonctions qui nous poussent à consommer ce dont nous n'avons pas besoin.
Répondre différemment à nos besoins
Lorsqu'on cherche la définition de la sobriété dans le dictionnaire, on peut notamment trouver "qualité de ce qui se caractérise par une absence d'ornements superflus " ou encore "qui est marqué par la mesure, la modération ". La sobriété repose donc sur l'idée de ne pas s'embarrasser d'éléments dont nous n'aurions pas besoin, et par éléments, entendez aussi bien les produits que les services, les activités, les déplacements, etc. Contrairement au minimalisme - qui vise à simplifier au maximum la vie des personnes qui le pratiquent - la sobriété propose de trouver de nouvelles solutions pour vivre bien en réfléchissant à l'impact de nos comportements.
Ainsi, ce principe peut s'appliquer à tous les pans de notre vie quotidienne : dans nos déplacements (par exemple : faut-il partir à l'autre bout du monde pour passer de bonnes vacances ?), dans notre alimentation (pourquoi manger à s'en rendre malade et à côté de ça, gaspiller ?), dans notre rapport aux technologies (faut-il avoir toujours le matériel dernier cri pour communiquer, se divertir ?), mais aussi dans les vêtements que nous achetons, les activités que nous pratiquons (voire la façon dont nous les pratiquons), les logements que nous habitons, etc.
Bien sûr, ces questions touchent un point très sensible : notre mode de vie, nos habitudes... Bref, une part de la personne que nous sommes. Mais la sobriété ne prône pas l'idée de revenir en arrière, comme certains de ses détracteurs voudraient le faire croire. Elle encourage plutôt à vivre avec modération, et avec réflexion, avec les moyens qui sont à notre disposition aujourd'hui.
Quels liens entre sobriété et écologie ?
La sobriété n'est pas une contrainte, mais une invitation à réfléchir, inventer, ajuster, adapter. Certes, elle demande un effort là où beaucoup de marques nous proposent au contraire de faciliter notre vie. Mais en faisant cela, elles participent à creuser le lit des crises que nous connaissons aujourd'hui : avec la surconsommation, les ressources naturelles sont surexploitées, leur consommation n'est pas répartie équitablement, la biodiversité et le climat en subissent les conséquences, et par extension, nous-mêmes.
Ainsi, en réfléchissant à notre consommation, nous pouvons participer à la préservation des ressources naturelles, et limiter nos impacts. Si nous prenons l'exemple du matériel électronique que nous utilisons au quotidien, comme les smartphones, leur production a un impact important sur la nature. Elle suppose d'extraire des métaux rares, dans des mines où tout un écosystème est détruit et où les sols sont souillés par les produits ou métaux qui s'y infiltrent, et où des êtres humains sont parfois exploités dans des conditions de travail très difficiles. Mais ce n'est que le début, car pour que les téléphones arrivent dans nos mains, il y a toute une phase de production gourmande en énergie, des transports émetteurs de CO2, des packagings qui se retrouvent à la poubelle et polluent. Et une fois que nous les avons, encore faut-il savoir en prendre soin pour ne pas avoir - par exemple - à remplacer un écran cassé et ainsi générer un coût écologique supplémentaire.
Il est aussi possible d'utiliser moins de produits toxiques pour l'environnement et notre santé (les gels douche contiennent pour beaucoup des produits chimiques nécessitant un traitement en station d'épuration, contrairement à des savons biodégradables), acheter et consommer juste ce qu'il nous faut de nourriture, modérer notre consommation de viande. Tout cela doit bien entendu se faire sans oublier de se faire plaisir de temps en temps, car l'objectif n'est pas d'alimenter frustration et manque, mais plutôt d'instaurer un équilibre dans notre quotidien. La sobriété passe aussi par un nouveau rapport à l'énergie, pour voir comment nous pouvons l'économiser intelligemment, comme baisser son chauffage et s'habiller plus chaudement, par exemple.
Aussi, la sobriété est-elle une façon de penser, d'être et d'agir en prenant en compte notre environnement dans sa globalité, dans un élan de solidarité avec tout ce qui nous entoure (cf. notre article sur la solidarité écologique). C'est aussi un geste pour nous même : en consommant moins mais mieux, ou différemment, nous avons également un impact sur notre portefeuille et notre santé.
Quelques pistes pour pratiquer la sobriété au quotidien
Savoir de quoi on a besoin : La base de la sobriété consiste à redéfinir nos besoins et notre façon d'y répondre, et à ne pas les confondre avec nos désirs. Commençons par rappeler ce qu'est un besoin : on peut le définir comme un manque nécessaire à la vie, essentiel pour notre organisme ou notre personne sociale. Pour le distinguer d'un désir, vous pouvez observer si le besoin persiste après avoir fait ce qu'il fallait pour l'assouvir. Si oui, alors c'était en fait un désir (car si un désir en remplace sans cesse un autre, il n'est jamais vraiment satisfait), alors qu'un besoin assouvi prend fin. Par exemple, se nourrir est un besoin de base : sans cela, nous ne pouvons survivre. Une fois que nous avons mangé à notre faim, le besoin de se nourrir s'arrête. Mais il existe de nombreuses façons de se nourrir, et la sobriété invite à manger des aliments bons pour notre santé, et en quantité nécessaire pour nous sentir bien. Ainsi, en tendant vers la sobriété (pour nous nourrir, nous déplacer, nous vêtir...) nous apprenons à nous libérer des pressions sociales, du marketing, des tendances, etc. qui peuvent nous faire penser que nous avons des besoins qui sont en fait de simples envies créées de toutes pièces.
La gratitude, une arme puissante face au superflus : pour réduire notre consommation, il peut être intéressant de faire un exercice de gratitude. Cela consiste à réfléchir à ce que nous avons autour de nous (possessions, relations, etc.) et être reconnaissant.e pour tous ces points positifs qui font partie de notre vie et nous font du bien. La gratitude peut être aussi simple qu'apprécier un rayon de soleil, un bon moment avec des amis, qu'on ait un lieu de vie qu'on aime, etc. L'idée est de mettre le focus sur ce qu'on a déjà plutôt que sur ce qui nous manque (ou dont on croit manquer) pour se rappeler que ce dont nous avons besoin, nous l'avons généralement déjà à disposition.
S'écouter et savoir se faire plaisir : la sobriété peut prendre des formes très diverses : réduire la taille de son logement pour utiliser moins d'énergie, opter pour le vélo ou la marche plutôt que la voiture, optimiser sa garde robe pour avoir le minimum utile, louer / emprunter plutôt qu'acheter des objets dont on a besoin ponctuellement (coucou l'appareil à raclette !), etc. Tous les pans de la vie peuvent être passés au peigne fin, mais il est aussi fondamental de savoir s'écouter : si vous avez une passion, respectez-la. L'idée de la sobriété est de nourrir une réflexion sur notre quotidien pour réduire nos impacts, mais elle ne suppose pas d'arrêter de vivre et de se faire plaisir. Car se brider est le meilleur moyen d'alimenter une forte frustration et de laisser tomber tous ses efforts. Tout est une question d'équilibre : à vous de définir le vôtre !
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur l'impact du numérique sur l'environnement, consultez notre article sur le sujet, dans lequel nous donnons de nombreux conseils pour plus de sobriété.
Si vous souhaitez tenter l'aventure du zéro déchet, vous trouverez quelques conseils dans notre article.
Découvrez nos conseils pour un Noël, une rentrée, un été plus respectueux de l'environnement.
Pour comprendre l'impact de la croissance économique sur la biodiversité, lisez l'article de notre blog rédigé en collaboration avec des scientifiques du CNRS.
Pour comprendre pourquoi il est important de mettre de la conscience sur chaque choix que nous faisons, lisez notre article sur la la solidarité écologique.
Pour comprendre ce que sont les limites planétaires et les enjeux qu'elles recouvrent, découvrez notre webinaire et notre article dédiés au sujet.
Pour envisager des alternatives à nos technologies actuelles (et à venir), plongez-vous dans L'âge des low tech, de Philippe Bihouix.
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